Les mesures judiciaires de placement en protection de l’enfance imposent la séparation d’un enfant avec son milieu d’origine. Un rapport à l’institution sociale où l’enfant est confié se crée alors avec, au centre d’un environnement complexe et dynamique, une relation : celle d’un enfant et d’un professionnel du travail social devenu référent. Ce travail de thèse interroge les caractéristiques singulières de cette relation aux contours spécifiques. La démarche méthodologique mobilise une approche socio-historique de la protection de l’enfance et du travail social incarné par la profession d’assistant de service social et une analyse socio-institutionnelle du service concerné. Elle s’associe à la réalisation d’une enquête ethnographique comprenant des observations participantes d’une chercheuse mobilisant le concept d’implication et la réalisation d’une cinquantaine d’entretiens semi-directifs auprès d’enfants, de jeunes, de parents et de professionnels. Les résultats ont permis de modéliser les savoirs, les pratiques et les styles éducatifs de ceux qui « font référence » dans ce quotidien si extraordinaire. Ils rappellent aussi, à travers la parole recueillie de l’enfant, les conditions qui permettraient de le placer dans un réel espace d’éducation en travail social : éthique de la permanence, appropriation de l’histoire individuelle, protection des liens et reconnaissance mutuelle des sujets en action.